Les insurgés afghans ne sont pas opposés à l'usage du portable – ni à celui d'Internet, qu'ils ont embrassé après leur chute en 2001, à des fins de propagande. Ces coupures de ligne, qui touchent plus de la moitié du pays et interviennent le plus souvent la nuit, leur permettent de se mouvoir sans risquer d'être dénoncés par la population.
Mais, selon le New York Times, elles incitent à se demander "si les talibans ont besoin de tenir le territoire comme ils le faisaient auparavant afin d'influencer la population. De plus en plus, il semble que la réponse soit non". En effet, ces coupures d'un outil essentiel pour le commerce, qui représente l'un des rares secteurs relativement sains de l'économie afghane, "rappellent quotidiennement à des centaines de milliers, voire des millions d'Afghans, que les talibans ont encore une influence réelle sur leur futur".
Les opérateurs de téléphonie affirment, eux, ne pas pouvoir compter sur le gouvernement ni sur l'OTAN pour défendre les tours et leurs employés. Ainsi, un gérant anonyme d'Etisalat, l'une de ces compagnies, déclare au New York Times : "Les talibans nous menacent avec force si nous n'éteignons pas le signal dans la ville de Kandahar", l'ancienne capitale du régime taliban et le point central de la campagne d'augmentation de troupes lancée par le président Obama en 2009, afin de manifester la présence de l'OTAN dans le Sud afghan. "Ils disent : vous êtes les mêmes que les Américains. Ce que nous ferons contre les Américains, nous le ferons également contre vous. Vos employés seront enlevés, tués, et les tours seront brûlées."
De même, poursuit l'employé, "Le gouvernement dit : 'Vous ne devriez pas éteindre le signal à Kandahar.' Ils disent : 'Nous pouvons protéger les sites dans la ville', mais nous ne croyons pas que le gouvernement protégera les tours."
Source : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2011/10/05/signal-en-afghanistan-on-ne-telephone-que-si-les-talibans-sont-daccord/